[Le Bavar]
Issu d’un caillou en pleine mer,
D’un petit bout de terre sur l’eau,
D’une putain d’colonie française,
C’est clair qu’avec ces salauds,
Avec ces colons sur leur bateaux,
Avec Christophe Colomb et sa manie de planter son drapeau,
Les Antilles furent piétinées, maintenant c’est ici que je m’esquinte,
C’est froid, c’est la ville, à quand l’aller simple
Direction Mont Papillon, s’il faut je prends même un charter,
Bref, je prends l’air, la prise du bord de mer,
Ici l’été on étouffe, entre la pollution et le bitume,
Et tous les gars se retrouvent à la piscine de la commune,
En guise de plages et de sable, on trouve du chlore,
En guise de poissons j’attrape des saloperies au corps,
C’est de plus en plus grave, c’est de plus en plus fort,
Ce sentiment profond qui me pousse à renier ce décors,
Du deuxième étage de mon putain de bâtiment,
Encore le mal du pays, qui s’amplifie dans le ciment,
Pourtant souvent je me dis chanceux,
Rares sont ceux qui peuvent prétendre avoir de vrais proches autour d’eux,
Une famille et des amis ça compte,
C’est toujours eux qui me relèvent quand je tombe,
Qui me guident quand je me trompe,
Quand j’m’écarte des sentiers battus,
Quand ça trotte dans ma tête,
Quand parmi toutes ces cloisons, je me sens perdu
Refrain x2 :
Et des champs de canne à Paname,
J’ai le vague à l’âme,
J’ai usé trop de semelles sur ce putain de macadam,
Traîné mon cul dans chaque recoin, chaque rue,
Des champs de canne à Paname,
Flotte ce vague à l’âme
À ouais, il parait qu’on bouffe aussi du blanc,
Du blanc de poulet, du Columbo de poulet,
En fait, j’adore le poulet,
Je le veux bien cuit, rôti, farci de son képi,
Même si je sais qu’un pays sans flicaille c’est l’utopie,
Tant pis, ceux qui roulent les "r" t’emmerdent,
Viens pas réveiller le bifty ? qui dort, tu connais le proverbe,
V’la le retour de bâton, le revers de la médaille,
Derrière la fête et les sourires se cachent des gens sans travail.
Je suis pas le jeune paumé, t’inquiètes pas,
L’épiderme terne qu’on m’a donné, j’l’assume et je t’ai pas sonné,
Donc viens pas me sonner tes conneries aux oreilles,
Comme quoi l’intégration passe par nos quartiers qu’on balaye,
De toutes façons ici, ici ou là,
Là ou nos pas sont posés, si on bouge pas on restera,
C’est ce qu’il faut s’dire, pour la famille je respire,
L’éloigner de toute cette merde, voilà à quoi j’aspire,
En attendant j’rêve, là-dessus je paye pas d’impôts,
Grand-père m’envoie mon île en photo
Pendant que maman regarde R.F.O
J’ai le vague à l’âme, parole de descendant de coupeur de canne,
À qui t’as violé les femmes et pillé les âmes.
Refrain x2
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