LOO GRANT
Partons à la découverte de Loo Grant, artiste qui nous vient de Sarcelles. Il sort son album intitulé "Ma Famille".
Plutôt bien écrit, cet opus dénonce tous les maux de notre société, mais aussi au-delà, avec une attention toute particulière pour le continent africain.
Car Loo Grant n’hésite pas à nous rappeler ses racines, notamment avec le titre "Congo". Le Mc du Val d’Oise est effectivement d’origine congolaise, la Mecque de la musique africaine. Outre la majorité du son africain, le Congo (Brazza et surtout Kinshasa) a aussi engendré une tripotée de rappeur français (cf. la fin de l’interview de Loo Grant ci-dessous + le Bisso, Philemon, Pyroman, Baloji, etc...)
Les sons aussi sont au niveau, ce qui donne au final un disque plaisant, qui s’écoute facilement.
La parole est à Loo Grant, qui a répondu avec force et conviction à nos questions :
- Tout d’abord, d’où vient ton nom ?
C’est un nom qui m’a été donné par mon cousin depuis ma petite enfance. Ce
nom était initialement composé de Loo Renard, puis au fil du temps j’ai mis
Grant à la place de Renard.
- Ta définition du hip-hop, et pourquoi tu en fais ?
C’est un mouvement contestateur au début, qui a fini par sombré comme les
autres formes de contestation dans le show-bizness une fois que les grosses
industries de disque se sont misent à produire des rappeurs. Le hip hop est
une culture qui regroupe différents arts, dont le rap, le graffiti, la danse
etc…
J’en fais pour dénoncer certaines injustices mais aussi pour donner aux fans
une autre vision de la vie. Leur apporter une couche de bonheur et de
sensibilité quand cela est nécessaire.
Mais je reste un grand dénonciateur des causes à effet…je suis le
journaliste du monde. International.
- Ton avis sur l’état du mouvement actuel ?
Le combat n’est plus le même, du coup l’envie n’est plus la même chez
certains artistes. Les gros labels ont compris comment casser notre art, ils l’ont fait aux yeux
de tous. Ceux qui mangeaient avec eux n’ont rien fait pour prévenir cette
chute et maintenant qu’ils sont en bas ils se revendiquent militant.
Aujourd’hui des pseudo-labels indépendants qui ne connaissent rien à notre art
se permettent de prendre des produits dont ils n’ont pas la maitrise du
traitement et le faire comme bon le semble. Des labels de pop, rock, métal
qui n’ont pas la culture hip hop se lance dans le rap parce qu’ils sont
attirés par l’appât du gain. Y’a plus de valeur musical. Tout le monde
devient rappeur, tout le monde se dit producteur parce qu’il a de l’argent
et tous croient connaitre le milieu parce qu’ils ont sortis des disques. C’est
le désordre !!!! On ne devient pas boulanger parce qu’on a acheté la
machine à pain mon frère…
Le hip hop c’est un art de valeur, de regroupement, de rassemblement et de contestation.
Ce truc est né dans les
champs de coton la famille (si on pousse très loin, ça a démarré du gospel,
bibox etc), ça nous rappelle l’esclavage, les chaines. C’est l’histoire des
Noirs, de la traite négrière, des assassinats des noirs, le Kukluxklan...putain comment oublier ça ??
Aujourd’hui tout le monde fait du rap, moi ça me semble bizarre, c’est comme
voir un noir faire du RAI, tu vois ce que je veux dire ?
Tu vois le hip hop aujourd’hui ne s’est plus arrêter aux Noirs, il s’est
répondu dans le ghetto comme un art contestataire. Mais tous ont oublié
l’histoire, je dis bien tous.
Je n’interdis personne à faire du rap, je dis juste que je ne pourrais pas
mieux parler de l’histoire des Juifs que les Juifs eux même.
Aujourd’hui des labels ont fait de cet art un produit. Et comme tout
produit, il est sujet à effet de mode. Donc avec une date de péremption.
Tout ce que je viens de dire peut être en contradiction avec le label ou
j’ai signé la licence et mes éditions, vu qu’ils sont spécialisé pop.
(D’ailleurs on est en litige).
Je voudrais insister sur le fait que le réseau de distribution de notre art
est ceinturé par un system colonialiste où le colon ne voit toujours pas le Noir
comme porteur, mais comme un produit.
On nous a vendu pendant le commerce triangulaire et on continue à nous
vendre via le rap dans ce commerce.
"Tant qu’il est en bas on le laisse mais s’il veut être écouté partout, il
doit obligatoirement passer par nous". Voila le dicton du système.
Et si tu signes chez eux alors on va modeler ta façon de dire pour que tu
passes mieux aux yeux de tous.
C’est comme retirer les chaines de la main d’un esclave pour le mettre au
pied. Des gens comme Bob Marley devraient nous servir d’exemple or nous nous
enfonçons de plus belle dans le capitalisme en laissant les autres racontés
l’histoire de nos anciens. La Mowtown est dirigé par DIAMS (c’est dingue non
?!) c’est comme si on mettait Chirac président du Congo !!!!
Je ne suis pas un produit, je suis un artiste. Un vrai artiste !! Et si on
veut faire avancer notre musique, il faut dire les choses clairement. Et
laisser les vrais artistes s’exprimer.
Tout est hypocrite… moi je continue ma route. J’étais dans l’ombre je
faisais de la musique. Même au feu des médias je continuerais à faire la même
musique. Les gens se sont rendu compte, mais bien trop tard, et il faudrait au
moins 2 générations pour redorer le blason du HIP HOP.
- L’avenir, comment se présente-t-il, d’autres projets ?
Mon avenir est chargé de bonne chose et j’en suis ravi, tous n’ont pas ce
que je vis en ce moment.
1 - Je suis associé dans Languedore Records et nous sortons en octobre une
compile numérique avec Aliens un distributeur comme believe, dans lequel tu
trouveras pas mal d’artistes dont « gentleman, diomay, le gued, etc. » Le
titre de la compile est numérique 09 | Languedore Records a ressorti mes
anciens titres et les a placé en numérique pour fin septembre. Vous devriez
retrouver le single police avec les titres comme 1 truc 2 dur (menace 2000)
et arrête le rap.
2 - Je prépare avec des artistes congolais (Despo Rutti, Youssoupha,
Poison, Escobar Macson, Ritmo, Singuila, Grodash, Kommando Toxik et Mystik)
une compilation « Congo : les oubliés du système » sur les enfants orphelins
de Congo Brazzaville et Congo Kinshasa. Cette compilation devrait voir le
jour en 2010, avec 3 concerts sur place en Afrique et une distribution de
cadeaux à ses enfants. Production Languedore Records
3 – Je vais sortir mon street CD "Orange sanguine" pour 2010 avec une grosse
partie des artistes de la scène rap français et étranger « daddy mory, ziko
(la brigade), bam’s (c’de la balle), etc. Toujours production Languedore
Records
4- Fin 2010, Miacom et Languedore Records sortiront le DVD clip de l’album MA
FAMILLE.
Sans oublier les concerts à venir...
Pour plus d’infos ou écouter des extraits : son myspace et son blog
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