Pour ne pas froisser la sensibilité de certains fans d’IAM qui auraient put trouver injuste que je ne chronique que ce qui est loin d’être leur meilleur album "Revoir un Printemps" ; juste avant celui-ci, et après "De la planète Mars" et "Ombres et Lumières", voici "L’Ecole du Micro d’Argent".
Si cet album devait être comparé à une course de 400m olympique, elle se déroulerait de la manière suivante : Un départ tonitruant sur les bases d’un record du monde, un léger tassement au milieu de la course pour récupérer du départ et surtout permettre de garder des forces pour le finish qui ici est tonitruant. En effet, les 6 premières chansons sont autant de morceaux devenus des classiques de par leurs textes justes et leur ambiance musicale au niveau. Mention spéciale tout de même, pour les superbes "Nés sous la même étoile" et "Petit frère" qui nous convainc de l’illusion du pan Egalité de notre devise nationale sur une très belle et émouvante chanson pour l’un, et dépeint avec justesse notre jeunesse désabusée tombant dans la délinquance, bernée qu’elle est par le système, les médias - qui en prennent pour leurs grades tout au long de l’album - ou le paraître pour l’autre. Ensuite donc, un petit essoufflement avec quelques chansons banales pour retrouver ses esprits, néanmoins entrecoupés de "L’enfer" et "Chez le Mac" aux concepts et aux lyrics encore une fois pleins de bon sens, d’intelligence et de vérités bonnes à dire, avec même une petite touche hardcore pour "L’Enfer", qui dénonce la violence gratuite, comme une majeure partie de l’album. D’ailleurs, la vraie performance de cet album (outre avoir réussi à ne laisser rapper Freeman que sur une seule piste sur 16) est cet alliage quasi-parfait entre des textes toujours conscients et véhiculant un message avant tout social et porteur d’espoir pour une société meilleure et cette impression d’accessibilité pour n’importe quel auditeur, rapologiquement novice ou chevronné. En tout cas, on n’a jamais aussi bien réussi à rallier les amateurs de rap avertis et le grand public de 7 à 77 ans. Comme quoi, avec de la maturité et de la réflexion, tout est possible, comme nous le prouve Akhenaton, Shurik’n, Kheops, Freeman et Imothep. Mais laissez-moi donc vous parler de la fin époustouflante, à couper le souffle. Je veux bien sûr parler de l’impressionnant "Demain c’est loin", 9 minutes de bonheur, où le quartier au quotidien nous est raconté. C’est simple, il y a tout dans cette chanson : le constat alarmant de la vie dans les cités, les aspirations de ses jeunes habitants, les explications des causes de ce marasme, la précarité du lendemain, de l’humour, de la gravité, etc... Un morceau à mettre au Panthéon du rap français, où l’album en entier peux d’ailleurs légitimement avoir sa place ou en tout cas prétendre au titre de classique incontournable.