4 ans après l’excellent "Flaque de Samples" Hugo revient avec "Fenêtre sur Rue". Si la barre avait été mise haute pour commencer, le p’tit gars du 18e a réussi l’exploit de confirmer tout le bien qu’on pensait de lui. Ce nouvel opus, s’il s’avère un poil moins saignant et fougueux que le précédent, se révèle par contre plus consistant, plus abouti. Appelez ça ’maturité’ ou ce que vous voulez, toujours est-il qu’Hugo a su gommer les quelques défauts constatés sur ces précédentes apparitions (avec TSR Crew ou en solo).
Tout d’abord, son utilisation abusive des simples comparaisons et donc du mot "comme". Enfin, cette impression brouillonne qui se dissipe pour faire place à des thèmes et des concepts construits. La meilleure illustration de ce constat est le titre éponyme. En effet, tel un James Stewart emplâtré qui observait de sa fenêtre les faits et gestes de ses voisins dans l’inoubliable "Fenêtre sur Cour", l’auteur se pose et observe la crasse et l’agitation de sa rue, de jour comme de nuit. Hugo Hitchcock dépeint alors comme personne le bitume de La Chapelle et ses vicissitudes.
"Eldorado", l’Histoire de France à la sauce Hugo Boss et "Dégradation", plongée quasi-documentaire dans l’univers du graff, montrent encore une fois l’attention particulière qu’a porté le leader du TSR Crew sur les thématiques et leur bonne exploitation.
Si l’évolution est frappante à l’écoute de cette galette, que les fans se rassurent, on retrouve toujours les nombreux ingrédients qui ont fait le succès du MC de Marx Dormoy : son et mentalité à l’ancienne, samples de film, ambiance de rue, punchlines à foison, egotrip ("Ugotrip", forcément), flow tranchant, début et fin d’album tonitruants (les tueries "Point de Départ" et "Point Final" remplaçant "2 minutes pour convaincre" et "2 minutes pour conclure").
Ainsi, si on ne retrouve plus forcément une punchline tous les 3 mots, "Fenêtre sur Rue" est loin d’en être dépourvu, comme ces quelques exemples parmi d’autres le prouvent : "Monde de putains, qui t’veut du mal ? Qui veut ton bien ? / On sait plus qui est qui, comme un keuf qui promène son chien".
"Saoulé grave, y’a d’la haine sous les toits / C’est bientôt l’examen du foie, on révise tous les soirs" ;
"Moi et ma ’teille c’est l’grand amour et tous les soirs c’est la saint Ballantine’s" ; "Travailler plus pour gagner plus : c’est comme ça qu’un mac parle à ses putes".
Cerise sur le gâteau, Hugo totalement indépendant, en plus de sa casquette de rappeur, coiffe aussi à l’occasion celle de producteur, beat-maker et photographe. Bref, on fait pas le crevard, on va à la Fnac et on lâche les 10€, ils seront bien investis.