Voilà un bout de temps que le rap français n’avait pas vu un projet aussi ambitieux. 2 CDs, 2h30 de musique, 69 artistes venus des 4 coins de la France (mais aussi de Suisse et de Belgique), un visuel particulièrement soigné et même un jeu de société pour le coffret collector : "Marche Arrière" a nécessité plus de 3 ans de travail aux lascars du Gouffre et on comprend pourquoi. Tout rappel la belle époque où les mixtapes d’anthologie tournaient sous le manteau, jusqu’aux noms donnés aux 2 galettes : "Face A" et "Face B".
Pour les productions, c’est principalement Char qui est aux manettes seulement aidé par I.N.C.H. pour 6 instrus. Et là aussi, on fait dans le bon vieux son à l’ancienne qui claque, sans chichi ni fioritures, avec la pointe de mélancolie qui va bien.
Évidemment, avec autant de titres et différents artistes, impossible de tutoyer tout le temps l’excellence. Ainsi, le très bon côtoie le bon et le moyen (surtout sur la Face A). Mais globalement, on ne peut qu’apprécier la qualité générale du projet et ce à tous les niveaux. Grace tout d’abord aux têtes d’affiches bien sûr, égales à elle-même est toujours aussi kiffantes à écouter : Scylla, L’Indis, Nakk, Sear Lui-Même, Flynt, Loko, Swift Guad, Hugo notamment. Mais les valeurs montantes comme Ladea, Paco, Furax, Kacem Wapalek, Zekwe Ramos arrivent aussi à tirer leur épingle du jeu avec leur bonne prestation. Les moins connus ne sont pas en reste et c’est aussi l’occasion de découvrir des talents tels que Brack, Boudj, Rabakar ou Geule Blansh.
Enfin, comment ne pas mettre la lumière sur le bijou signé Lavokato ? Ce "Dimanche de pluie" est un moment rare. D’une part car il s’agit du premier (!) et peut-être dernier solo de la moité des Dix et d’autre part car la profondeur du texte sortie de sa plume atteint des sommets rarement atteints.
Bref, on ne peut que tirer notre coup de chapeau aux Gouffriers pour le taf accompli pour ce "Marche Arrière", l’album qui transforme ton CD en K7 et ta chaîne hifi en ghetto blaster. 10 euros la machine à remonter dans le temps, ça vaut le coup non ?