Le 2.0 c’est sympa mais les méthodes à l’ancienne c’est mieux. Si l’ "Hécatombe 2.0" de Swift Guad était de qualité, que dire de sa première mouture ? Percutant, puissant, saignant, tranchant : les adjectifs finissant en -ant manque pour qualifier cet "Hécatombe" sorti en 2008. Swift Guad nous délivre ici un rap brut de décoffrage, tout droit sorti de la rue montreuilloise. Ces sons auraient tout aussi bien pu sortir d’un block du Bronx ou d’un hangar désaffecté de Liverpool car le vrai rap est universel et n’est pas l’apanage d’un pays, d’un département ou d’un quartier. D’ailleurs, avec les apparitions de Twin Gambino et Red Eye Krew, le narvalo de la Croix-de-Chavaux matérialise cet International du Hip-Hop. Flow varié, paroles engagés et militantes, sons lourds à l’ancienne, tous les ingrédients sont réunis pour faire d’"Hécatombe" un classique, malheureusement passé assez inaperçu.
Le style de Swift, digne de l’age d’or du rap français, est le parfait très d’union entre la new-school dont il fait partie et la old-school qu’il représente artistiquement. La présence des historiques Ol’Kainry et Zoxea, qui viennent en featuring "adouber" le petit nouveau, ne fait que renforcer ce constat. Dans son attitude sans bling-bling ni fioritures, le MC du 93100 se place définitivement "du côté sombre de la rue" et nous livre sans concession le quotidien de la France d’en-bas. Mais là où la plupart des rappeurs hardcore se contente de décrire avec plus ou moins de talent la merde qui les entoure, Swift enlève ces œillères et élève le niveau pour évoquer des thèmes plus universaux et profonds comme les relations internationales dans l’excellent "Vice", les enfants soldats dans le titre éponyme ou la violence conjugale sur un "Hématomes" qui glace le sang. Bref, c’est sombre, c’est sale, en un mot comme en cent : c’est du bon, putain !