Booba, un des MC les plus controversés et qui fait couler le plus d’encre, sort son 1er album solo intitulé "Temps Mort", très attendu par une certaine frange de la population. Elie Yaffa de son vrai nom, ne fait une fois de plus pas dans la dentelle, restant logiquement dans la lignée de ce qu’il faisait avec Lunatic. Donc, malheureusement pour nos consciences citoyennes, le fond du discours n’a quasiment pas évolué, toujours aussi bestiale et tranché. Parfois, on peut même le qualifier de barbare et primaire comme le prouve ce sympathique et très recherché petit alexandrin : "mec on est ’àl’ quoi wesh arrête de m’check" extrait du plus que moyen "De mauvaise augure" ou encore ces 9 ’putain’ comptabilisés dans "Temps Mort" qui pourtant ne dure que 2’20 ! Certaines chansons telles "100-8 Zoo" ou "Animals" sont vraiment nulles avec un refrain véritablement affligeant pour cette dernière. Là encore, dans ce brouillard textuel on peut déceler quelques éclaircies comme cette phrase rappelant que finalement, ce n’est pas Booba qui a inventé, ni ne propage, la violence (quoique) : "On m’a dit d’changer des mots pour pas qu’les p’tits m’suivent/Pas grâce à moi qu’y pensent à Tony d’vant leurs p’tits suisses". Ajoutons encore que Booba, tout comme son label 45 Scientific, peut se targuer de son absolu indépendance et de n’avoir fait aucun compromis ainsi que de n’avoir jamais vendu son âme. La forme, pareil, est inchangée (heureusement cette fois), B20 gardant son incomparable flow, aussi percutant et assassin que jamais. Mais comment ne pas parler des sons, intérêt primordiale de cet opus ? Comment ne pas les placés en haut de l’échelle des productions du hip-hop français ? Tout cela est bien ciselé, claque à l’extrême, grâce à des beats troublants, inquiétants, infernaux (cf. "Repose en paix" ou "Ma définition"), digne parfois d’un Dr Dre. J’espère que ceux qui ont l’album susdit, n’ont pas respecter l’adage qui stipule que quand on va trop vite, on confond vitesse et précipitation (eh, mais que suis-je en train de vous racontez vous demandez-vous d’un air circonspect). Je veux dire par-là qu’il faut absolument avoir en sa possession la réédition de l’album, comptant 2 titres rajoutés par rapport à la première version ("Inédit" et "Destinée"). "Destinée" parce que c’est le "tube" qui lui permet de squatter les ondes FM (et sa ligne de conduite alors ?) et surtout "Inédit" car ce morceau et franchement bon, le meilleur de l’album.