Après avoir écumer ensemble les concerts, compils, mix-tapes, et autre réjouissances phonographiques, c’est maintenant en solo que les membres de la Scred sortent leur album. Si Koma avec son génial "Le Réveil" avait pris les devants (après Fabe, bien entendu) il y a plusieurs année, on a pu voir ensuite un CD consacré à Mokless’, même s’il ne s’agissait pas d’un album. Cette fois-ci, c’est Haroun qui s’y colle avec son 1er album, intitulé "Au Front". Et dès le départ avec l’intro, Haroun, annonce la couleur : aucune compromission en vue, des textes incisifs : bref, ça va être du lourd. Et la suite ne déçoit pas car comme toute bonne réalisation de la Scred qui se respecte, l’album dans sa globalité se révèle très homogène dans la qualité, signe des skeuds de très bonne facture. La ligne de conduite des compères du 18e (on retrouve d’ailleurs logiquement en feat Morad sur le très bon "Les routes de l’oseille" ainsi que Mokless’ et Koma) est scrupuleusement respectée : pas de chichi, pas de pseudo-gangstérisme en carton, mais une attention particulière portée sur la vie quotidienne, la rue et ses difficultés. Tout cela fleure bon l’errance et l’avenir sans perspective, comme le démontre bien "Le zonard" ou "ça part en couille". Au niveau du flow, d’apparence classique, moi je le trouve assez tranchant. Même si on est forcé de constater qu’on est ici devant un beau phénomène de flow monocorde, mais bon, passons... Enfin, l’album se termine en apothéose, avec "Les routes de l’oseille" et surtout la bombe "Mon poster". Bon, aux 1ers abords, vu le titre, on ne s’y attend pas forcément. Et pourtant, il s’agit bien là d’un pur titre underground qui claque sévèrement. Cette ode à l’indépendance cogne fort et sa fin brutale fais du dénouement d’"Au front" une des conclusions les plus puissantes que l’on est jamais vue. (Tout comme pour cette chronique si je n’avais pas rajouté cette dernière phrase stupide et inutile).