Si vous avez déjà lu nos précédentes chroniques de "Matière Grise" et "Black To The Future", vous avez sans doute compris que Tiers Monde est bien apprécié de par chez nous. "Toby Or Not Toby" était donc particulièrement attendu par nos oreilles.
Et pour son premier véritable album solo, le Havrais fait dans la dualité, Esclave/Maître comme thème principal développé tout au long de l’opus, mais aussi Tradition/Modernité sous d’autres aspects :
Côté pile, marketing et communication, lui et sa structure Din Records sont bien dans l’air du temps en portant une attention particulière aux clips et teasers (https://www.youtube.com/watch?v=Nf3...) ainsi qu’à Internet (http://genius.com/TiersMonde) et ses réseaux sociaux. Côté face, dans le contenu, son rap sait plaire aux puristes et autres aficionados de rap à l’ancienne. Tout d’abord en portant une attention toute particulière à cet objet qui tend vers l’obsolète : le CD physique et sa pochette (et vous, plutôt Esclave ou Maître ?). Ensuite, dans le fond, en misant sur un message quelque peu conservateur, empli de valeurs traditionnelles et religieuses, bien loin du rap matérialiste qui a pourtant actuellement le vent en poupe. Les belles voitures, bijoux et autres accessoires coûteux : le Tiers est dans un "autre dièse". Pis, il considère la dépendance à ces objets comme un véritable esclavage moderne et nous le fait savoir sur "Toby or not Toby", chanson au clip aussi soigné que ses textes.
Dans la forme, ce titre éponyme résume bien les différentes ambiances musicales adoptées par T.M tout au long de l’album : la balade lancinante (tel "Négritune") du début fait ensuite place à un instru plus percutant (comme "Phoenix"). Il va jusqu’à s’essayer aux rythmiques Reggae sur la fin de "Salaam" et au chant sur "Et tu montes", comme aime le faire Brav’, son compère de l’époque Bouchées Doubles, qui lui aussi vient de sortir son album solo "Sous France".
Bref, du bon Tiers-Monde qui mêle, avec l’habileté qu’on lui connait, lyrics conscients, punchlines, sagesse et spiritualité. Et par les temps troublés qui courent, ça fait du bien.
Et pour conclure en beauté, comme le lascar n’est ni un batard ni un avare, en achetant ce CD vous aurez le droit en cadeau au CD de "Black To The Future". Que demande le peuple ?