Au commencement fut La Boussoule. Puis vint Bouchées Doubles, composé d’Ibrah et Pad. Le premier nommé, qui a pris un peu de recul niveau rap, se fait désormais appeler Brav, quand le second répond désormais au nom de Tiers Monde. Voici pour la chronologie patronymique. Car si les appellations changent, le contenu lui ne dévie pas. Le rappeur havrais n’aura jamais dérogé à sa ligne de conduite, à son rap français mâtiné de valeurs africo-islamo-sénégalaises.
Cette première sortie solo est un florilège de ses titres déjà sortis au sein de la structure Din Records, agrémenté de 4 inédits.
Aussi à l’aise sur les pamphlets fleuves sans refrain ("Mon Mandat" ou "Minorité") que sur des titres plus courts aux sons percutants ("Krokop" ou "Punch"), le Tiers - rebaptisé pour l’occasion ’Mamadou Mac Fly’ - traverse ce "Black To The Future" avec l’aisance et le talent qu’on lui connait.
Car il a pour lui cette capacité rare d’être bon aussi bien dans le fond que la forme. En effet, sa plume toujours porteuse de message et de punchlines se marie agréablement avec des instrus percutantes, grâce à un flow agréable et maîtrisé. Le titre "J’Annonce la Douleur" étant la parfaite illustration de cette harmonie.
Sorti uniquement au format digital au prix de 5€, l’intégralité des bénéfices de "Black To The Future" a été reversé à des associations luttant contre la famine frappant la corne de l’Afrique. Une initiative à souligner, d’autant plus que cela s’est fait dans la discrétion, ce don n’étant pas affiché comme argument de vente. Tiers Monde c’est pas Les Enfoirés, et c’est tant mieux. Bref, la qualité du projet et son but final font 2 bonnes raisons de se le procurer.