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La France, Pays de Football ? (2/2)


S’il est coutume de rappeler que ce sont les Britanniques qui ont invité, ou tout du moins réglementé, le jeu de football, il faut aussi rappeler que se sont bel et bien les Français qui ont mis en place les principales compétitions et institutions. En effet, la Coupe du Monde, compétition sportive la plus importante sur Terre, vu le jour en 1930 grâce entre autre à Jules Rimet, président Français de la FIFA. La FIFA elle même, a été fondée en 1904 à Paris sous l’impulsion de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques. L’idée d’un Championnat d’Europe des Nations (alias l’Euro) en 1927 est là encore venue d’un Français en la personne d’Henri Delaunay. Plus tard, en 1955, c’est notre bon vieux journal L’Equipe qui décide de mettre en place ce qui sera la 1ère Coupe d’Europe des Clubs Champions. On n’oubliera pas de rajouter également la présidence actuelle de Michel Platini à l’UEFA. Dans la même lignée, la France c’est l’organisation de 2 Mondial (1938 et 98) et bientôt de 2 Euros (1984 et en 2016). L’apport de la France à l’Histoire institutionnel du Football a donc été et est toujours prépondérant et primordiale. Au niveau du palmarès international, les Bleus tutoient les plus grands également. Avec 1 titre de champion du monde et de vice champion (1998 et 2006) et 2 titres européens (1984 et 2000) la France peut s’enorgueillir d’être la 5 ou 6e nation de l’Histoire au même titre que l’Espagne ou l’Angleterre, derrière les intouchables Brésil, Italie, Allemagne et Argentine.

Aspects Techniques et Joueurs

Être un grand pays de football, au-delà du palmarès, signifie aussi avoir une identité de jeu marquée, une philosophie à part entière. Pourtant, la France a souvent fait le yo-yo avec ses idéaux. Un temps apôtre du football offensif et chatoyant (génération Platini 82 à 86) c’est avec un bloc en béton armé que les Bleus décrochent leur seul titre mondial en 98. Depuis, la sélection se cherche dans un espèce de flou artistique, espèce d’amalgame entre attaque et défense, qui au final ne ressemble pas à grand chose. Au contraire les grandes nations européennes affichent chacune leurs certitudes et une identité propre : Espagne : petit jeu de passes courtes, actions construites, tout en technique Italie : culture tactique, défense de fer, mentalité de vainqueur et ses dérives Pays-Bas : ailier virevoltant, génie offensif, rugosité défensive, football total, avant-centre tueur Angleterre : jeu aérien, très vite vers l’avant, percussion, engagement permanent, simplicité Allemagne : efficacité, culture de la victoire, projection rapide vers l’avant

Pourtant, la France du football a compté dans ses rangs nombre de légendes, voir des véritables virtuoses. Pour son centenaire en 2004, la FIFA a dressé une liste des 125 joueurs ayant marqué l’Histoire du ballon rond. Si le Brésil est logiquement le pays le plus représenté avec 15 noms, c’est la France qui le suit (en compagnie de l’Italie) avec 14 joueurs cités ! Et avec Kopa, Papin, Platini et Zidane, la vitrine bleue est bien garnie en Ballons d’Or. Les deux derniers cités, n°10 de génie, peuvent objectivement faire partie des 10 ou 12 meilleurs joueurs de tous les temps. Excusez du peu.

Las, la donne semble avoir quelque peut changée aujourd’hui, a fortiori après le désastre des Bleus en Afrique du Sud. Le classement du Ballon d’Or 2009 avec ces 3 Français classés (Ribéry 28e, Gourcuff 20e, Henry 15e) avait déjà amorcé cette tendance : les joueurs Bleus ne font quasiment plus partie du gratin mondial. Le Ballon d’Or 2010 risque d’entériner cette évolution négative, la probabilité de ne voir aucun français dans le classement étant proche des 100%.

Malgré tout, sur le marché des transferts, le label bleu-blanc-rouge reste toujours une valeur sûre et on s’arrache toujours autant les français aux 4 coins d’Europe, surtout les jeunes. De plus, toutes les grosses écuries européennes possèdent au moins 1 français dans leur effectif, la palme revenant bien sûr à l’Arsenal d’Arsène Wenger et ses 7 frenchies. Toutes sauf l’Inter, championne d’Europe en titre (simple coïncidence malheureuse à priori)...

Clubs, Stades et Supporters : vrais Reflets de la Popularité

Si concernant les joueurs ou l’équipe nationale la France n’a rien à envier à personne, c’est clairement au niveau des clubs que le bât blesse. La vie des clubs étant le pain quotidien du footeux et donc la substantifique moelle de ce sport, on tient peut-être ici le principal bémol à l’acte de candidature de la France à l’appellation "pays de football". En effet l’écart entre les clubs français et leurs homologues européens s’apparente en tout point à un fossé. Un seul chiffre pourrait résumer ce constat : 2 ou le nombre de coupes d’Europe gagnés par des clubs français sur un total de 133 tournois. Faméliques, surtout quand l’Italie en totalise 28, l’Angleterre et l’Espagne 25 et l’Allemagne 17. Merci pour eux.

Au-delà de ces édifiants palmarès, un autre constat éclaire les carences françaises en culture footballistique populaire : on ne compte aucune ville à 2 clubs parmi l’élite. Si le cas allemand ressemble au notre (aucun club de la capitale en 1er division -cas unique- mais une ville à 2 clubs, Hambourg) le décalage avec nos voisins est flagrant. En Italie, Milan, Rome et Gènes ont 2 clubs ; en Espagne, Barcelone en a 2 et Madrid 3. La palme revenant à l’Angleterre avec ses ahurissants 5 clubs londoniens mais aussi ses 3 de Birmingham et 2 de Manchester. Du coup, quand les journées de ces championnats sont rythmées par de nombreux derbys, véritables cœurs de la passion populaire et locale, la France elle en est dépourvue. Au point de créer d’artificiel "clasico" ou "derby de l’Atlantique" (Bordeaux-Nantes). Pathétique.

Plus de passion en Europe, mais aussi plus de spectacle et de buts. En effet, en regardant les moyennes de but de la dernière saison des 5 principaux championnat, la France malgré un chiffre en net progrès ferme définitivement la marche avec 2.41 buts par match. Suivent l’Italie (2.61) l’Espagne (2.71) et les prolifiques Angleterre (2.77) et Allemagne (2.83). Et comme rien n’arrive par hasard, le classement de la fréquentation des stades correspond exactement à celui des buts !! Là aussi, la Bundesliga truste donc la 1ere place avec 39.444 spectateurs de moyenne et précède la Premier League (36.076), la Liga (29.361), la Serie A (23.340) et donc notre Ligue 1 (21.756). Encore plus saisissant, les 2e divisions allemandes et anglaises pointent à 18.000 et 17.000 spectateurs de moyenne !

Il faut aussi dire que la France n’est pas forcément le pays le mieux équipé en stades. Parmi les 30 plus grands stades de clubs en Europe, un seul est sur notre territoire : le stade Vélodrome et ses 60.000 places. L’Espagne et l’Allemagne placent elles 6 enceintes chacune dans ce top 30, dominé par les 100.000 places du Camp Nou. L’Italie suit avec 4, l’Angleterre et la Turquie 2. A titre de comparaison, le Maroc (2 fois moins d’habitants qu’en France) possède 3 stades à plus de 60.000 places. Longtemps petits et obsolètes, les stades français, trop souvent mis de côté par les politiques, comptent bien sur l’attribution de l’Euro 2016 pour entamer un grand chantier de rénovation et de modernisation à l’échelle nationale. Sur ce point là encore, l’équipe nationale s’en sort mieux que nos clubs puisque le Stade de France (80.000 places) n’a rien à envier aux autres stades européens réservés aux sélections.

Les supporters (enfin les spectateurs plutôt) du SdF sont d’ailleurs symptomatiques de ce manque d’engouement général. Aphones ou presque, ils font pâle figure face à la Tartan Army écossaise ou la Marée Oranje néerlandaise. Suivant le foot que depuis 98, versatile, sifflant les joueurs quand ils sont mauvais et les applaudissant quand ils sont bons, le supporter Bleu est un "footix". Pourtant, on sait les Français capable de mobilisation nationale ponctuelle de grande ampleur, comme les énormes manifestations sur les Champs-Élysée en 98 et 2000 l’ont prouvé.

Mieux, en observant les chiffres d’affaires des produits dérivés, on constate que la France n’est pas si larguer que ça. Un rapport paru fin 2008 dévoile le chiffre annuel moyen dépensé en merchandising par les fans européens. Ce sont logiquement les Anglais qui arrivent en tête avec 65.40€ par an. Suivent le Néerlandais (46.50€) et l’Espagnol (44.90€). On retrouve en 4e position le Français, avec une dépense honorable de 42.60€/an. Et étonnement, il devance son voisin Allemand (35.40€) et Italien quasiment du double (23.30€)

Enfin, autre critère reflétant la popularité du football dans la population : le nombre de licenciés. Avec 2.226.000 de joueurs (3.4% de la population totale), la France est en moyenne haute. Tout de même loin derrière les 6.3M d’Allemands ou les 10% de licenciés néerlandais sur leur population totale ! Mais quand même bien devant l’Italie ou l’Espagne (seulement 653.000 licenciés).

Finalement, à la vue des différents critères, la France semble ne pas s’en tirer trop mal, comparer à nos voisins où le football est une quasi-religion. Cependant, dans les faits, on constate tout de même un véritable gouffre culturel footballistique chez les Français, notamment mis en valeur par le manque de soutien populaire. Le degré de passion ici est très loin de celui régulièrement constaté dans les pays limitrophes. Cela constitue l’un des freins (avec l’aspect financier et fiscal) à la progression de ce sport, surtout au niveau de la performance des clubs, symbole de la vraie "culture foot du quotidien". Dommage, car au vu de son histoire et de ses talents, l’Hexagone n’a rien a envié à ses petits camarades...

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