Qu’est qui fait marcher Dany Dan ? 15 ans après le débarquement des Sages Poètes de la Rue on peut encore se le demander. L’amour de la rime certainement, et tant qu’il aura la patate pour balancer des métaphores et images plus originales les unes que les autres, le Pape de Boulogne continuera à trainer sa longiligne carcasse dans le monde du HH français. Dans son profil caractéristique fait de clinquant et de style, l’enfoiré le plus dingue de la planète nous livre un album dans la lignée de son premier solo "Poétiquement Correct". Le sentiment à l’écoute de ce "A la Régulière" (titre dû à son fameux tic verbal, souvent suivi par "yoh !") est ambivalent. D’un côté on prend toujours autant de plaisir à retrouver celui qui est clairement l’un des Mc les plus talentueux qu’ait connu le rap hexagonal, les punchlines disséminées un peu partout ici encore ne faisant que conforter cette idée. Sans parler de son flow légendaire, assez spectaculaire pour faire oublier les quelques instrus un peu pétées.
D’un autre côté, on a l’impression de n’avoir qu’un léger divertissement proposé par Pop Dan.
Des prods à la mode, des thèmes qui font principalement place nette au fait qu’il est le meilleur rappeur, le mieux sapé, celui auquel aucune femme ne peut résister, le pilier des Sages Po semble faire dans le vulgaire Entertainment à l’américaine.
Ajoutez à cela pléthore de featurings (nous y reviendrons), un morceau taillé spécialement pour la scène ("Briquets et Portables") et des références au basket : on croirait Boulogne délocalisé aux States.
Même si Dany Dan a toujours eu ce côté-là, on a l’impression que les textes conscients se font de plus en plus rare chez lui. Le titre "La Rue Ne Parle Pas" en est une bonne illustration, car c’est l’un des seuls morceaux de fond, manque de bol il dure à peine 2 minutes...
L’égo-trip à outrance reste lourd à digérer sur une quinzaine de titre. Mais Dandy bandit Dan possède ce talent qui permet de passer outre toutes ces critiques et de continuer inlassablement à nous faire kiffer. D’ailleurs, on trouve quand même des titres moins légers, le lyriciste d’origine centrafricaine n’hésitant pas à nous rappeler que le formatage n’est pas la panacée et que "L’Art Peut Vendre".
Concernant les featurings, si son album précédent avais permis de découvrir l’excellent Saloon sur le fameux "J’suis qu’un Homme", c’est cette fois-ci Zed que l’on appréciera sur "Tout Seul". A surveiller. S’il a le nez creux sur ses collaborations, Dany a aussi ses faiblesses : le feat féminin d’ "Allez Viens" est vraiment à chier, faudra m’expliquer sa motivation à la faire poser sur cette galette. On retrouvera également avec un plaisir teinté de nostalgie Busta Flex, même si le MC d’Epinay peine à trouver un second souffle.
Ce "A la Régulière" reste donc plaisant à écouter, mais vu la pointure derrière le mic, on est en droit d’attendre plus. Car
Dany Dan doit tout de même faire gaffe à cette équation simple : ego-trip + j’suis l’meilleur et l’plus beau + sons à la mode US + pure flow + Boulogne = Booba 2.0. Heureusement, il n’en est pas encore là.